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El viaje de Pedro
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El viaje de Pedro
9 juillet 2009

Corire - Yanque

Avec cette nouvelle journée qui débute, j'ai pris une nouvelle résolution : je n'évoquerai plus désormais le rituel matinal (petit-déjeuner, briefing, rassemblement puis chargement des bagages) reproduit chaque jour ou presque et relaté dans mon carnet de voyage. Je commencerai dorénavant directement par les faits.

Donc, en ce début de matinée, Nicolas nous emmène visiter un site insolite situé dans les environs de Corire. Et pour cela, il s'est adjoint les services de Mauricia, l'unique guide locale francophone. Suivant leurs indications, le bus se faufile dans un dédale de rues étroites et non asphaltées. Les virages qui s'enchaînent me semblent relativement serrés compte tenu du gabarit de notre véhicule. J'admire secrètement José qui garde son sang-froid en toute occasion, y compris lorsque nous croisons au centimètre près un autre camion. Puis les axes de circulation se font à nouveau plus larges.

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Nous en profitons alors pour faire une première halte à proximité d'une ferme. Je sors mon appareil et m'en vais mitrailler les quelques animaux domestiques qui se trouvent à proximité.

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Les pauvres! Enfermés dans un enclos si restreint...

Ce malaise en moi s'estompe pourtant très vite étant donné que nous remontons assez rapidement dans le car. Ce dernier redémarre et poursuit son chemin sur la piste qui grimpe jusqu'au site de Toro Muerto. Mauricia nous explique pendant le trajet qu'une visite matinale de cet endroit s'impose à cause des grandes chaleurs de la mi-journée. En effet, ses paroles prennent tout leur sens lorsque nous arrivons sur les lieux,  puisque le site s'étale sur un gigantesque plateau désertique.

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Mon regard est surtout attiré par ces milliers de pierres qui jonchent le sol. Nous nous faufilons entre elles à la suite de Mauricia et nous arrêtons périodiquement. Beaucoup portent des pétroglyphes c'est-à-dire des inscriptions et gravures.

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Mauricia nous explique que ces témoignages ont été laissés là par les voyageurs de passage. Ils ont gravé dans le roc des scènes qu'ils ont observé dans leur région d'origine ou au cours de leurs pérégrinations. C'est ainsi qu'on peut observer des animaux des Andes ou de la forêt amazonienne.

Compte tenu de notre planning bien rempli, Mauricia nous conduit spontanément vers certains pétroglyphes caractéristiques et bien conservés. Pour chacun d'eux, elle nous dévoile ce qui est représenté et la signification sous-jacente.

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J'écoute avec attention les explications de notre guide car c'est tout de même un pan de l'histoire de mon pays qui transparait au travers de ces inscriptions. Malheureusement, tout le monde ne semble pas intéressé par la même chose :

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La visite se termine. J'en profite pour balayer le site du regard et faire une dernière photo-souvenir :

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Nous réembarquons ensuite dans le bus de José qui regagne rapidement la vallée. Nicolas nous amène à présent à la découverte d'une exploitation viticole.

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Les propriétaires sont très sympathiques : ils nous expliquent le mode de fabrication du vin en nous faisant visiter leur exploitation.

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Puis, ils organisent une petite séance dégustation. Mais compte tenu de ma précédente expérience (souvenez-vous dans la distillerie de Pisco!), je préfère m'abstenir.

Après ce court moment de détente, nous reprenons la route … une nouvelle fois. Mais il faut rappeler que ce n’est pas n’importe quelle route puisqu’il s’agit de l’illustre Panaméricaine que nous empruntons depuis Lima. La distance à couvrir d’ici ce soir est importante : partis du niveau de la mer, nous devons rallier Arequipa où nous attend Milagros notre guide, puis nous grimperons jusqu’à un col qui culmine à 4 910m avant de redescendre vers Yanque, un hameau de la vallée du Colca.

Nous roulons depuis un moment déjà lorsque le bus approche d’un village.

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Le véhicule ralentit progressivement puis quitte l’axe principal.

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Il s’engage sur une petite route parallèle avant de s’arrêter quelques mètres plus loin devant un espace vert. Celui-ci attire immédiatement mon attention : une herbe soigneusement entretenue occupe une grande partie de l’espace, contrastant nettement avec les alentours désertiques. Quelques bancs et arbustes viennent agrémenter l’endroit, situé en bordure des quartiers défavorisés. Ce clivage entre luxe et pauvreté marque fortement mon esprit.

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C'est pourtant ici que nous faisons notre halte pour pique-niquer. Le repas est rapide et léger car nos organismes vont être mis à rude épreuve d'après ce que nous a raconté Nicolas. Trop manger risquerait de se traduire par des problèmes digestifs (ballonnement, gastrite voire plus si affinités). Qui plus est, le "soroche" (davantage connu sous le nom de "mal d'altitude") nous guette. Selon les statistiques maison de Nico, ce seraient les hommes, les jeunes et les non fumeurs qui y sont les plus exposés. Mais tous les êtres humains peuvent néanmoins y être confrontés. C'est un peu la roulette russe en somme. Et au fait Nico, qu'en est-il pour les alpagas ? Suis-je également concerné car je n'avais jamais quitté mes hauts plateaux auparavant ?

Nous réembarquons dans le bus, pas très rassurés. José met le moteur en marche et en avant toute! Désormais, plus personne ne peut faire marche arrière. Nous ne pouvons qu'aller de l'avant. Les premiers contreforts de la cordillère se rapprochent rapidement. Nous apercevons déjà au loin la chaîne de volcans qui entourent Arequipa : le Misti et sa silhouette caractéristique ainsi que le Chachani.

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Nous ne tardons pas non plus à rejoindre les faubourgs d'Arequipa. Le temps est vraiment passé très vite depuis la pause déjeuner. Je regarde autour de moi, tout le monde a l'air en forme. Nous formons vraiment une équipe de choc. Mais le plus dur est encore à venir...

Nous faisons un arrêt rapide à une station service pour faire le plein. J'ai vu des paysans un peu plus loin. Je décide d'aller les rejoindre pour les prendre en photo. Plusieurs membres du groupe font comme moi. Malheureusement, nous avions un peu surévalué la distance et nous sommes bientôt rattrapés par le bus qui nous rejoint.

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Nous récupérons également Milagros (notre nouvelle guide) à un carrefour situé un peu plus loin. Nous laissons alors derrière nous la ville blanche dans laquelle nous reviendrons dans deux jours, puis nous entamons la seconde partie de notre ascension. Nous prenons rapidement de l'altitude tandis que Milagros se livre à un exposé sur la géographie de la région.

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Notre bus progresse à un bon rythme malgré le dénivelé important. J’en suis le premier surpris. Jamais je n’aurais imaginé qu’une mécanique, même récente, puisse réagir aussi bien dans de telles conditions (longue ascension avec des passages à forte inclinaison, légère raréfaction de l’oxygène, …). Même les poids lourds qui empruntent le même chemin que nous semblent ne pas peiner outre mesure.

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Et plusieurs bus de lignes des compagnies locales nous dépassent à vive allure. Il faut reconnaître qu’ils ont tendance à prendre davantage de risques et qu’ils ménagent moins leurs passagers. José est vraiment très attentionné à cet égard.

Le paysage défile relativement rapidement tandis que nous enchaînons les virages. La ligne de chemin de fer qui suit notre route constitue pour moi un fil rouge, un point d’ancrage. C’était une des lignes les plus hautes du monde avant que ne soit construite celle reliant Pékin à Lhassa.

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Le temps passe et nous n’apercevons toujours pas le sommet du col de Patapampa. Tout au plus devine-t-on de temps en temps le sommet du volcan Misti que nous nous évertuons à contourner, mais aucun col n’émerge encore. Pour ceux qui ne connaissent pas les contreforts des Andes à cet endroit-là, je souhaite préciser que le voyageur ne se rend pas compte de l’altitude à laquelle il se trouve. Nous avons beau grimper de 4 000 mètres dans la journée, notre ascension est entrecoupée par la traversée de vastes plateaux si bien que la hauteur par rapport à la « vallée » n’est jamais très importante.

Et justement nous parvenons enfin à un vaste plateau. Nicolas nous prévient que nous entrons dans le domaine des vigognes (à la différence des alpagas dont je fais partie, les vigognes demeurent des animaux sauvages, réfractaires à toute forme de captivité).

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Nous faisons une halte bien méritée. Enfin les autres, car le devoir m’appelle à nouveau…

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Nous effectuons une seconde étape un peu plus haut dans un refuge. Celle-ci dure plus longtemps.

Nico et Milagros nous apprennent que nous approchons enfin du col. Effectivement, les conditions climatiques ont sensiblement changé à cette altitude : de fortes bourrasques balayent les environs, les températures ont chuté et le soleil couchant ne parvient plus à nous réchauffer.

La contrée aux alentours est déserte (si l’on fait abstraction des quelques véhicules empruntant la route et du chien du refuge qui circule entre chacun de nous) : des touffes d’herbes sèches et éparses ondulent au milieu d’un océan de gravier. Plus loin, de nombreux cols nous encerclent dépassant allègrement les 5 000 mètres. C’est vraiment la nature à l’état brut ici.

Les gérants du refuge nous préparent un maté de coca : une première pour beaucoup de mes compagnons de voyage. Le breuvage n’a pas l’air de leur plaire mais il a le mérite de les réchauffer. Dehors, le jour décline de plus en plus nous contraignant à reprendre la route.

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Alors que la nuit finit de s’installer, Milagros (notre guide) nous initie à la consommation de la feuille de coca, si prisée des autochtones. Elle nous explique qu’il faut sélectionner environ 7 feuilles de coca. Celles-ci doivent être roulées et placées au fond de la bouche pendant plusieurs minutes. La salive diffuse alors le goût de la feuille accentué par un exhausteur de goût. Peu de courageux se hasardent à faire cette expérience. Mais ces derniers la jugent concluante.

Ça y est, nous avons franchit le col ! Enfin c’est Nicolas qui le dit, parce qu’il faisait nuit et que nous n’avons rien vu. Heureusement nous repasserons par là demain au cours de l’après-midi. Pour le moment, nous redescendons vers la vallée de la Colca et le village de Yanque où se trouve notre hôtel. Un bon repas revigorant (avec de la viande d’alpaga au menu snif), un petit spectacle folklorique, un brin de toilette et hop au lit.

Cette première nuit dans les Andes marque un tournant dans notre voyage : notre traversée de la bande désertique côtière s’achève tandis que commence notre périple dans les Andes. Nous laissons définitivement derrière nous l’océan Pacifique et la Panaméricaine, nos compagnons de route durant cette première semaine ; eux continuent vers le sud, nous bifurquons vers le nord-est. Je ne suis toutefois pas prêt d’oublier la diversité des paysages traversés tout au long de ce bon millier de kilomètres qui séparent la cité des rois (Lima) de la ville blanche (Arequipa). Je n’oublierai pas non plus les vestiges et les témoignages laissés par les brillantes civilisations de la côte. Et que dire des personnes rencontrées en chemin telles que Tobi, le potier de Nasca ou Mauricia, notre guide de Toro Muerto qui nous ont réservé un très bon accueil…

Cette douce nostalgie laisse rapidement place à de l’excitation car le voyage s’annonce plein de promesses au cours de deux semaines à venir. Plongés dans ces pensées, je ne tarde pas à m’assoupir. Buenas noches !

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