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El viaje de Pedro
El viaje de Pedro
El viaje de Pedro
21 juillet 2009

Chuvica – Sud Lipez – San Pedro de Atacama (Chili)

Il a fait froid cette nuit. J’étais pourtant resté habillé et j’avais deux couvertures en plus de mon sac de couchage, mais cela n’a pas suffit. Le trou dans la fenêtre du dortoir a refroidi inlassablement la pièce et a réduit l’efficacité de tout mon attirail. Je me suis donc réveillé de bonne heure sans parvenir à me rendormir.

La préparation est rapide ce matin : personne ne se hasarde à prendre une douche et, après avoir enfilé plusieurs couches de vêtements, le déjeuner est vite consommé. Comme hier, nous hissons ensuite nos bagages sur le toit de nos véhicules. Il fait encore nuit noire dehors et tout se fait à l’aide des phares des véhicules et de quelques lampes de torche. L’opération effectuée, nous pouvons monter à bord. Nous sommes désormais prêts à avaler nos 10 à 12h de 4x4 au travers le désert du Sud Lipez.

A peine sortie de notre crique, nous nous retrouvons plongés dans une immense tempête de sable. Celle-ci est très étendue (sur le plan géographique) et réduit parfois la visibilité à néant. Malheureusement pour nous, la tempête persistera toute la journée avec quelques (trop) brèves accalmies. La Nature est décidément sévère avec nous dans ce voyage (cf. l’excursion annulée aux îles Ballestas au Pérou).

Les premières heures de route ne me laisseront pas un souvenir impérissable : nos chauffeurs qui connaissent bien la région suivent la piste qui les conduit de l’auberge à l’entrée du désert. Dans la nuit, nous ne distinguons quasiment rien si ce n’est la portion de piste qu’éclairent nos phares. Ainsi, nous ne percevons pas la frontière entre le salar et le désert.

L’aube naissante fait progressivement reculer la pénombre et nous décelons bientôt les formes du relief. Celles-ci ne sont pas encore tout à fait nettes, mais je devine sur notre droite de hautes collines (pour ne pas dire des montagnes) qui se dressent telle une barrière. Nicolas nous explique que la majeure partie des reliefs que nous verrons aujourd’hui sont d’anciens volcans. Ce sont eux qui sont à l’origine de la région. Notre visibilité s’améliore au fur et à mesure que le temps s’écoule … jusqu’à ce que nous retrouvions à nouveau pris dans la tempête.

Le vent soulève des nuages de poussières très denses et très opaques restreignant fortement notre champ de vision. Il mugit par ailleurs autour de notre carlingue avec une force incroyable. Cela nous est confirmé lorsque les deux autres véhicules de notre convoi sortent du nuage de poussière : la bâche qui couvre les bagages sur le toit est soumise aux caprices d’Eole malgré un harnachement solide au départ. Notre chauffeur ayant repéré l’anomalie stoppe le convoi, et le voilà qui descend pour remettre d’aplomb le chargement. Malgré les efforts combinés des trois chauffeurs, les attaches ne font pas long feu et nous sommes contraints de nous arrêter un peu plus loin, dans un des rares villages au bord de la piste pour solutionner durablement ce problème.

Le hameau dans lequel nous sommes arrêtés présente des similarités avec les habitats que nous avons déjà pu observer l’autre jour sur la route vers le Pico Austria. Les constructions sont très modestes et sont édifiées à partir des matériaux rudimentaires immédiatement disponibles. Cela confère au village une impression d’indigence et de tristesse. On se croirait en outre dans un village fantôme puisque les rues sont désertes compte tenu de la météo. De nombreuses questions me taraudent à cet instant-là : combien de Boliviens vivent dans la région ? Pourquoi ces habitants ont-ils choisi de vivre dans un milieu aussi hostile (c’est-à-dire en plein désert) ? De quoi vivent-ils ? A quels aménagements dans leurs conditions de vie ont-ils dus consentir pour pallier à l’extrême isolement des lieux ? Ces questions resteront sans réponse …

Après 10 bonnes minutes d’arrêt technique, nous reprenons le chemin. La tempête commence à se calmer et nous profitons bientôt d’un très beau ciel bleu. La contrée dévoile alors peu à peu ses charmes : ses volcans, sa pampa, ses formations rocheuses, …

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Mais l’accalmie est provisoire et nous nous retrouvons très vite au cœur de la tempête.

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Le vent redevient très violent et soulève à nouveau des nuages de sables qui réduisent la visibilité à néant. De fait, notre 4x4 sort soudainement de la piste et, malgré les efforts de notre pilote, nous perdons toutes traces des deux autres véhicules du convoi. Nous tournons 10 bonnes minutes dans les parages, mais les traces des autres 4x4 ont déjà été effacées. A moins qu’ils ne soient jamais passés par là… Nous décidons alors de poursuivre notre chemin. Nous les retrouverons probablement plus loin (enfin espérons !).

Notre véhicule roule un long moment dans la tempête de sable, sable qui s’infiltre par toutes les anfractuosités. Chacun de nous est ainsi progressivement recouvert par une mince pellicule de grains de sable et une espèce de léger brouillard envahit l’habitacle. Mon appareil photos n’y résistera pas et je serai contraint de terminer le voyage en empruntant celui de la personne avec qui je partage ma chambre (et qui est vraiment super sympa).

Nous finissons par sortir du nuage opaque. Quel réconfort ! Nous allons enfin pouvoir re-respirer normalement et nous n’aurons plus à subir l’invasion du sable.

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Nous profitons alors à nouveau des splendides paysages … enfin jusqu’au nouvel assaut de la tempête. Ce sera comme ça toute la matinée et nous devrons composer avec le vent violent jusqu’à notre arrivée à San Pedro de Atacama (au Chili) ce soir.

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Notre périple est néanmoins ponctué par un certain nombre de haltes. En effet, nous ne nous sommes pas lancés dans une traversée du désert pour le simple plaisir de rouler. Notre objectif (comme celui de tous les touristes qui passent ici), ce sont les lagunes : la laguna colorada (à dominante rouge), la laguna verde, et bien d’autres. Malheureusement pour nous, la première lagune à laquelle nous parvenons est toute blanche : elle est recouverte d’un manteau de glace qui transforme cette oasis de vie en un lieu de solitude. Elle n’est pas non plus particulièrement accueillante avec ses minis tornades qui foncent droit sur nous.

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Nous reprenons la route un peu frustrés, mais en nous disant que la prochaine lagune sera forcément plus séduisante. Ben pas vraiment en fait. Elle ressemble exactement à la première mais avec le ciel bleu et les jolis volcans en moins. Ajoutez à cela, un nuage de poussière qui nous enveloppe plus ou moins et un vent toujours aussi fort. Nous ne sommes vraiment pas gâtés.

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Heureusement, en poussant un peu plus loin, nous découvrons l’«arbre de pierre», un incontournable des circuits.

32 (C’est là la dernière photo de mon appareil et donc de la journée)

Nous rallions ensuite la Laguna Colorada pour déjeuner mais elle aussi est toute blanche. Quant aux flamants roses de James, ils ont sûrement migrés vers des cieux plus cléments. La seule chose que nous distinguons entre deux bourrasques, ce sont de petits abris. Nous nous orientons vers l’un d’entre eux et y pénétrons pour prendre le pique-nique. Le lieu est glacial mais au moins nous sommes à l’abri du vent et du sable. Le repas est copieux et chacun reprend des forces après cette matinée assez éprouvante. Chacun partage également ses impressions sur la matinée.

Puis vient l’heure de repartir. Nous remontons dans nos 4x4 respectifs et prenons la direction de la frontière chilienne. Compte tenu des conditions météorologiques, nous écourtons le programme pour rallier directement notre objectif de la journée. Nous faisons plusieurs heures de pistes et nous arrêtons seulement un bref instant à la Laguna Verde. De couleur émeraude, elle semble aujourd’hui très agitée. Des remous viennent du large et se terminent en vaguelettes sur le rivage. Nicolas nous explique que le lieu est très exposé aux vents et présente de fait toujours cette apparence.

Ultime étape, la frontière bolivienne. Le poste bolivien est constitué de trois ou quatre constructions sommaires, construites à partir des matériaux locaux. Il est vraiment très simple d’apparence et aussi très isolé. Sa situation est particulièrement insolite (pour ne pas dire burlesque) car nous sommes en plein désert et il m’apparaît très simple de passer d’un pays à l’autre sans être remarqués. Mais peut-être me trompais-je ?

A notre arrivée, rien ne bouge. C’est à nous de faire le déplacement … enfin à Nicolas. Nous lui avons tous remis nos passeports et nos fiches d’accompagnement pour qu’il se charge des formalités. Mais celles-ci s’éternisent. Nous apprenons à son retour que toutes les excursions de la journée dans le Sud Lipez ont été annulées après notre départ de ce matin, à cause de la tempête. Pour la même raison, le bus chilien qui devait venir nous chercher ici est bloqué à San Pedro de Atacama.

Nico se débrouille très bien et deux des trois chauffeurs acceptent de nous conduire plus en avant. Nos bagages sont en revanche chargés à l’arrière d’un pick-up qui stationnait là et ferons la route derrière nous. Nous nous entassons donc dans les deux véhicules restants et franchissons le no man’s land qui sépare la Bolivie du Chili. Adios Bolivia ! Holà Chile !

Environ cinq kilomètres plus loin, nous débouchons sur le poste frontière chilien. Notre minibus n’est toujours pas là. Nico fait tamponner nos passeports et nous entamons aussitôt la descente vers San Pedro avec la bienveillance des autorités chiliennes.

Nous croisons alors notre minibus qui est en train de gravir la pente. Tous les véhicules s’immobilisent et nous réalisons là un transbordement d’un véhicule à l’autre, humains et bagages compris. Nous reprenons alors la route pour 45 minutes environ jusqu’à notre destination finale, San Pedro de Atacama, et profitons du temps libre pour compléter les documents d’immigration que Nico nous distribue.

Parvenu à l’entrée du village, le minibus nous dépose devant un nouveau poste frontière ou plutôt devant le bureau de l’immigration. Il nous faut alors remettre passeport et document d’immigration à un agent dans une guérite, puis ouvrir nos sacs pour une inspection en règle. Interdiction de transporter des fruits, des légumes, des produits d’origine végétale (miel, …) ou animale (viande, œufs, laitage, …).

Ce n’est qu’aux termes de ces formalités que nous pouvons gagner notre hôtel pour la nuit. Je commence par prendre une bonne douche et par me changer pour me sentir propre, puis je pars faire une petite promenade en ville. Le bourg est vraiment très sympa et me fait un peu penser au Mexique (je ne sais pas pourquoi, je n’y ai jamais mis les pattes). Puis vient l’heure du dîner d’adieux chez un restaurateur français originaire de Toulouse. Au menu, une pierrade de viandes qui me rappelle un peu celle d’Arequipa.

C’est repu de fatigue que nous partons nous coucher. Bonne nuit !

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